Barra
da Lagoa le 23 mars 2006
La
rentrée commence à se profiler. L’automne est arrivé sur le Brésil !
Nous
allons profiter de nos vacances jusqu’au dernier moment !
A
notre arrivée à Jureré Internacional, nous avons beaucoup regretté
Salvador !
C’est
un endroit très aseptisé, complètement artificiel, sans aucune authenticité.
Construit sur un marécage qui a été asséché, équipé en eau, électricité, rues,
compartimenté en lots de 450 mètres carrés. Les promoteurs, les architectes ont
du faire fortune. Les maisons qui ont été construites au début étaient riches
mais de bon goût. Maintenant, c’est à savoir qui aura la maison la plus grande
et la plus prétentieuse. Des maisons très complexes, très recherchées, mélange
de style victorien, de style avant-gardiste, disproportionnées sur des terrains
trop réduits. Des immeubles tout neufs, heureusement pas trop hauts,
constituent la rue commerçante le « calçadão ». Les magasins sont
super chics et super chers, malgré les soldes de fin de saison ! Les
appartements doivent représenter une mine d’or pour les propriétaires qui
doivent les louer une fortune aux nombreux vacanciers des périodes estivales.
Ce ne sont pas des fauchés qui passent ici leurs vacances. Beaucoup
d’argentins, qui malgré les crises économiques qu’ils ont connues, ne semblent
pas avoir trop souffert. Dans les rues les plus anciennes (moins de 20
ans !), les maisons sont plus modestes, mais quand même riches et habitées
par des retraités très à l’aise, beaucoup de gauchos ( du Rio Grande do Sul).
Plusieurs y habitent en permanence. C’est
ici le Miami du Brésil ! Une résidence de retraite géante et de
luxe ! La grande préoccupation et industrie du coin est l’entretien de la
pelouse et des jardins ! Des jardiniers autochtones, habitant dans les
environs, mais pas à Jureré Internacional, sont organisés en société. Le fond
sonore ici n’est pas le trio elétrico, mais dès sept heures du matin le concert
de débroussailleuses, de tondeuses et d’autres instruments que je ne
connaissais pas, pour tailler au millimètre les joints d’herbes entre les
dalles des trottoirs et des allées dans les jardins !
La
plage est agréable, mais manque d’animation et de couleur après celles de
Salvador ! Pas de baraques sur la plage, pas de café, mais des loueurs de
parasols et de chaises. Quelques vendeurs ambulants agréés, passent mais sans
grande conviction ! Au début nous venons nous installer en empruntant les
chaises et parasols trouvés dans la maison de R. Mais c’est un peu trop
triste et trop figé. Finalement nous organisons notre emploi du temps et le
temps passé sur la plage est plutôt consacré, tôt le matin ou en fin
d’après-midi, à marée basse, à des marches le long des kilomètres de plage,
avec bain en fin de course !
La
maison de R est heureusement très agréable, grande, tranquille, avec hamac,
quand les moteurs de tondeuses et Cie, restent à distance raisonnable. Une
maison de deux étages, tout en bois et en brique, dessinée par R lui-même.
Nous y prenons bien nos aises.
Dans le « calçadão », un seul centre Internet, pas très sympathique et cher. J’y passerai peu de temps ! Peu de restaurants, ni agréables, ni abordables !
Dès
que nous avons l’occasion nous prenons le bus pour aller à la ville voisine
Canasvieras, qui est « normale » !. Quand nous demandons des
renseignements, on nous répond plus souvent en espagnol qu’en portugais !
Notre préoccupation est de trouver autre chose pour la deuxième quinzaine. S, femme de R, nous a parlé de Barra da Lagoa en nous disant que ce serait un endroit plus dans notre « style » ! Nous organisons donc un jour une expédition à Barra qui se trouve aussi sur l’île de Santa Catarina, mais au sud-est alors que nous sommes au nord. Les distances dans l’île restent réduites, mais sans voiture, les déplacements sont plutôt compliqués. Pourtant le service de bus est très organisé, mais d’une complexité jamais vue ailleurs ! L’organisation a sûrement été très pensée et optimisée, sur papier, mais pas pour le voyageur ! Pour faire quelques 20 kilomètres, nous allons prendre 4 bus pour aller et 4 bus pour revenir ! Le prix est unique, nous ne payons que dans le premier bus et c’est ensuite gratuit pour les suivants. Chaque changement se fait dans un « terminal » où des files de voyageurs attendent à un panneau où est marquée une destination. Nous remarquons vite que les destinations correspondent peu aux indications et il est très difficile d’avoir les bons renseignements ! Nous faisons plusieurs files inutiles, et heureusement encore que nous parlons portugais !
L’arrivée
et la découverte de Barra est un enchantement ! Nous ne sommes pas sur la
même planète que Jureré. Je comprends ce que voulait dire S quand elle parlait
de notre « style » ! Nous sommes vite séduits, nous visitons
quelques pousadas et à la troisième nous trouvons notre prochaine résidence,
regrettant seulement d’avoir encore plus d’une semaine à attendre à
Jureré ! Cette expédition nous permet aussi de faire le tour de la moitié
nord de l’île. Nous sommes descendus par l’ouest, passant par Florianópolis,
puis revenus par l’est en suivant les plages. L’île est une chaîne de montagne
avec des plages superbes d’un côté et de l’autre ! De Florianópolis à Lagoa
da Conceição, ville avant Barra, la route grimpe en lacets jusqu’au col et
redescend de l’autre côté, aussi tortueuse. Les paysages sont magnifiques. Le
retour vers Canasvieras par la route de l’est longe la montagne sans grimper.
Elle traverse des parcs et forêts et domine des plages immenses, Moçambique, Os
Ingleses, où de nombreux surfistes profitent des énormes rouleaux de
l’Atlantique. Alors que nous pensons arriver de façon plus simple à Jureré par
ce chemin, il nous faut faire plusieurs terminaux, attendre longtemps à des
files incertaines et demander plusieurs fois des informations imprécises !
La quinzaine se termine tranquille à Jureré. Nous marchons beaucoup le long des plages, visitons le fort de la pointe. Au moins nous nous reposons !
Nous rencontrons un couple français de retraités dont nous a
parlé R. Ils apparaissent une fin d’après-midi. Le jardinier commun leur a
parlé de nous. Ils ont acheté une maison à Jureré, ils passent six mois par an
au Brésil et le reste en France. Ils nous intéressent car nous voulons savoir
comment cela est possible légalement, si nous voulions un jour faire la même
chose (mais pas à Jureré !). Finalement après avoir discuté avec eux, nous
apprenons qu’ils ont vécu plusieurs années au Brésil, que lui a pris la nationalité
brésilienne et qu’ils sont beaucoup plus implantés que nous le croyions ici
(bien que parlant un portugais très français !). Nous leur rendrons la visite
la veille de notre départ et nous ferons la connaissance d’amis brésiliens à eux,
sympathiques, mais un peu tard pour des relations suivies.
Le 15 mars
Nous louons une voiture pour aller prendre résidence à Barra da Lagoa. Les bus avec les bagages, ce serait trop compliqué ! Nous avons la voiture pour 24 heures et nous profitons un peu pour visiter les reste de l’île, jusqu’à la pointe sud. Les paysages sont vraiment impressionnants. C’est le paradis des surfeurs.
Notre
nouvelle demeure, un appartement au premier étage de la pousada, nous convient
tout-à-fait. A 100 mètres de la plage, des kilomètres et des kilomètres de
plage. Un canal relie la lagoa à la mer. Les eaux sont transparentes et
grouillent de poissons. Dominique aime bien se baigner là mais le courant est
très fort, surtout à marée haute et je le vois gesticuler dans l’eau sans qu’il
avance d’un pouce ! A l’arrivée des pêcheurs nous allons les regarder
trier leurs poissons. Nous en achetons des encore vivants. Je fais des
caldeiradas (sorte de bouillabaisse), des risottos de crevettes, j’essaye de
varier les recettes ! les légumes de « Zeca », agrémente le
tout ! Dominique me soupconne d’aimer aller acheter des pastèques tous les
jours chez Zeca pour admirer ses biscottos ! C’est un sacré
« bonitão » qui doit sûrement pratiquer du surf quand il n’est pas à
sa boutique !
Le temps est encore chaud et humide, mais moins qu’à Salvador et au fur et à mesure que les jours passent, des fronts froids venant du sud avec l’automne rafraîchit les températures qui restent quand même encore agréable entre 28 et 30 degrés. Nous allons à la plage le plus tôt possible le matin car le soleil devient vite trop chaud et nous y retournons en fin d’après-midi à la fraîcheur, faire des marches les pieds dans l’eau. Un pont de planches suspendues traverse le canal et mène sur les collines d’en face. Au début j’ai trop le vertige et le mal de mer pour la traverser totalement, mais je m’y fais et de l’autre côté nous découvrons des sentiers de balades, puis la « prainha », une crique bien plus tranquille que la grande plage, où l’eau est plus propre et ou nous prendrons l’habitude d’aller prendre notre bain du matin.