Canela le 24 janvier 2006

Le temps est désespérant ! Voilà déjà plus une semaine qu’il pleut ! Ce n’est pas continu, mais c’est subite et quand ça s’y met, c’est un déluge ! Hier lors d’une de ces cataractes, l’eau s’est mise à goutter du plafond pas loin du lit où nous étions allongés. Il ne fait pas vraiment froid, entre 20 et 25 degrés selon l’heure, mais cette humidité nous transperce. Heureusement que grâce à M A, nous avons quelques survêtements chauds, imperméables et chaussettes, car dans nos bagages nous n’avions prévu que des vêtements tropicaux ! Les prévisions pour les jours futurs ne sont pas encore très encourageantes, j’ai entendu à la radio que le mois de mars serait sec !!!!

Alors nous nous préparons à partir vers le Nord Est, direction Salvador où au moins nous serons assurés de soleil et chaleur ! Nous avons le choix entre un « pacote » à Porto Seguro, hôtel de rêve sur la plage, une semaine, dans ces hôtels que l’on remplit de touristes, semaine par semaine, juste le temps de changer les draps ! ou alors un simple vol aller retour Parto Alegre Salvador, où nous pourrons rester « a vontade », juste à nous de trouver un endroit où nous poser. Je crois que c’est cette dernière solution que nous allons choisir, car nous voulons pouvoir rester au moins deux semaines et nous avons déjà des marques là-bas. Un peu d’aventure, que diantre ! ….

Malgrè la pluie, nous ne sommes pas restés paralysés complètement depuis que nous sommes ici à Canela. Il y a eu pourtant quelques journées où à part la balade pour aller au centre Internet, nous n’avons pas fait grand-chose. Pendant que M A était présente, nous avons profité de sa voiture pour faire quelques aller retours à Gramado, qui est à une dizaine de kilomètres. C’est devenu une grande ville touristique, où tout est chic et cher ! c’est aussi là que se fait chaque année le festival de cinéma. La première semaine il y avait encore les décorations de Noël : incroyable ! de vrais paysages de neige reconstitués ! Un soir, nous nous promenés dans les rues, juste quand la pluie commençait, hélas ! Il y avait un concert de chants de Noël. Quand nous sommes arrivés, un ténor chantait dans un français parfait : « il est né le divin enfant » ! ça s’est terminé par un feu d’artifice un peu mouillé !

Une amie de M A, V a passé quelques jours avec nous. Le mauvais temps a fait que nous avons passé pas mal de temps à manger et surtout à faire à manger ! Elles voulaient que je leur apprenne quelques recettes, que moi je trouve évidentes et improvisées. Mais quand c’est dit par un(e) Français(e), c’est parole d’évangile ! Je leur ai fait découvrir, la ratatouille, les crêpes, le far breton (et oui !),  …. Chaque détail que j’improvisais a été immortalisé dans un cahier de recettes !

Un soir, M A a invité un couple brésilo-américain, très chers de ses amis. Ils vivent 6 mois à Gramado et 6 mois à Pittsburg. Ce n’est pas seulement parce qu’ils en ont les moyens, mais aussi pour des problèmes bilatéraux de permis de séjour. Elle, Va est Brésilienne et après au moins 25 années de mariage et de vie (en pointillé) aux Etats Unis, elle n’a pas encore le temps suffisant pour prétendre à la nationalité américaine ! Lui, I, est Américain et doit aussi régulièrement faire de la présence et des démarches au Brésil pour prolonger son permis de séjour ! Un juriste lui a dit qu’il existait au Brésil une loi qui exemptait les plus de 60 ans et leur donnait une autorisation de séjour à vie. Sauf que peu de policiers sont au courant de cette loi et qu’ il doit se promener avec une photocopie de l’article de loi dans ses papiers ! Ah ce n’est pas facile d’être couple mixte !

Pour ces amis, M A avait mis les petits plats dans les grands ! Elle avait réalisé toute seule, selon ma recette, une ratatouille. Je lui ai appris à faire un gratin dauphinois (selon ma façon et mes improvisations !). Elle avait aussi fait un « lombinho de porco » (filet mignon). La soirée a été très réussie. Ses amis ont téléphoné le lendemain en disant qu’il y avait longtemps qu’ils n’avaient pas passé une si bonne soirée ! Va disait que ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas vu son mari manger autant (il est végétarien et a semblé se régaler de la ratatouille et du gratin) et parler autant (Dominique et lui ont discuté en anglais toute la soirée. A minuit on a eu du mal à les interrompre !). Lui était professeur de linguistique à Pittsburg. Nous les femmes nous avons « fofoqué » !

Vendredi matin, R est monté de Porto Alegre avec une amie E, ancienne collègue de boulot de M A. Ils sont restés jusqu’au samedi. Le temps s’était un peu amélioré, nous avons eu un peu de soleil, le temps de se promener dans les environs ! Nous sommes allés déjeuner à Gramado, puis nous avons visité une champignonnière tout près, mais un peu difficile à trouver par des chemins de terre ! Dominique s’est tout de suite retrouvé dans son élément et a tout visité avec la champignoniste, qui elle aussi, semblait contente de le rencontrer. Quand ils ont décidé de produire des champignons, ils ont essayé sans succès de prendre conseil à la fazenda Petim. Dominique n’y était plus. Ils se sont alors tournés vers des champignonnistes de Sao Paulo. C’est une belle culture, artisanale et familiale au milieu des hortensias. Tout à fait l’opposé de ce qu’était Petim ! Là, P R avait étalé son fric (plutôt celui de son beau-père !), avait voulu tout mécaniser. Quand on voit le résultat, on ne se pose pas la question de savoir quel a été le meilleur investissement ! Dans cette ambiance j’avais aussi une petite « saudade » des odeurs, de la quiétude, de l’environnement champêtre !!!!

Champignons de Gramado

Le samedi nous sommes allés tous les cinq à Sao Francisco, à une quarantaine de kilomètres de Canela, encore un peu plus loin dans la montagne. Il faisait très beau et chaud ! Nous avons fait une halte au barrage où nous nous étions baignés et où j’avais déjà pris des photos en 1977. Le coin est maintenant très habité, même si le chemin qui y mène est encore en très mauvais état. Un coin rêvé pour passer les fins de semaines !

Puis avant Sao Francisco nous avons dévié vers un hôtel pousada que connaissait R. Le paradis au milieu des hortensias et des xaxims (fougères arborescentes). R a retenu une table pour le déjeuner et nous sommes allés nous promener dans les bois, jusqu’à une cascade. Nous dégoulinions un peu sous la chaleur, bien contents de trouver un peu d’ombre ! Puis nous sommes rentrés pour déjeuner et l’heure qu’on y a passé a suffi a tout obscurcir. Quand nous avons voulu repartir, c’était le déluge ! Plus question de pousser plus loin, R a repris avec E le chemin de Porto Alegre et nous celui de Canela.

M A est repartie pour Porto Alegre depuis dimanche et nous nous retrouvons seuls et sans voiture à Canela. Depuis la pluie n’arrête pas ! Nous nous étions renseignés pour louer une voiture et aller à Itaimbezinho revoir les cañons, mais ça ne vaut pas la peine, de ce temps ! On remettra cela à la fin février !

Ce matin Dominique est parti à la champignonnière. Ils ont téléphoné hier soir pour l’inviter à assister à une cueillette. Ils sont venus le chercher aux aurores. Moi je n’étais pas suffisamment intéressée pour sortir du lit aussi tôt.

 Visite à São Francisco

Le 26 janvier

La journée d’hier était presque ensoleillé, nous sommes allés en bus jusqu’à Gramado (15 minutes de Canela), qui est la ville touristique et beaucoup plus achalandée que Canela.

Nous y avons trouvé distributeur d’argent qui accepte la carte visa, librairie et agences de voyage.

Je me suis fait un plaisir d’acheter le dernier livre de Gabriel Garcia Marquez : Memórias de minhas putas tristes, pendant que Dominique réclamait le dernier Paulo Coelho, aux antipodes et pour moi comble d’une hypocrisie judéo-chrétienne !!!! Je cherchais ce livre de GGM depuis notre arrivée, mais il était épuisé. L’autre jour à PA, je l’avais cherché dans une grande librairie et un jeune vendeur avait absolument voulu s’occuper de moi, je lui ai d’abord dit que je cherchais GGM, il m’y a emmenée, puis il a insisté : « lequel cherchez-vous ? », « le dernier » ai-je dit discrètement , « ah memórias » a-t-il dit brièvement, et j’ai continué « de minhas putas ! ». Il est devenu tout rouge ! Il l’avait bien cherché !!!!

Donc a Gramado nous avons aussi trouvé des agences de voyage. Après plus d’une heure passée dans la première, nous sommes sortis un peu désespérés, pensant qu’il allait falloir renoncer à notre voyage vers le Nord Est. Le gars avait trouvé des vols pas chers, mais au moment de rentrer les paramètres de nos cartes visa, rien à faire, elles étaient refusées. Panique ! ces cartes représentent vraiment notre viatique ici ! Il a téléphoné à la compagnie qui a confirmé, disant que seules les American Express et les cartes argentines étaient acceptées comme cartes internationales ! Moi je commençais à transpirer, plus de dix fois il avait entré nos numéros de cartes dans l’ordinateur ! j’ai un peu pensé à l’arnaque ! le gars semblait vraiment sincère et désolé. Dominique proposait déjà un trafic pas possible : aller chaque jour tirer le liquide permis à la banque (les sommes retirées au distributeur doivent être limitées à 500 reais) jusqu’à arriver au total de 2000 reais (400 euros). Moi mon sixième sens me disait qu’il fallait tout arrêter, ce que nous avons fait.

Nous avons erré dans les rues pensant que c’était fichu, à moins de retourner à PA. Finalement, trempés comme des soupes, car nous avions dû affronter encore une grosse pluie d’orage sans trouver d’abri, nous avons trouvé une autre agence qui de l’extérieur ne payait pas de mine. Cependant, dès que nous sommes entrés, nous avons vu qu’elle était plus sérieuse et équipée. Nous avons commencé par raconter notre mésaventure et le gars nous a dit que ce n’était pas un problème puisque lui-même allait encaisser directement sur nos cartes et se chargeait de payer la compagnie. Ce qui fut dit fut fait. Nous avons retrouvé les vols à 1000 reais chacun et nous voilà munis de nos billets ! Résultats des courses : nous partons le 1er Février pour Salvador et nous y resterons jusqu’au 16. Nous avons prospecté des hôtels à Itaúpa, plage que nous avons découverte l’année dernière et nous allons essayer de nous réinstaller là-bas. Nous en repartirons juste avant le carnaval, espérant que les tarifs ne seront pas encore trop élevés. On nous a dit que le carnaval était déjà commencé car tout le monde répète en ce moment ! Nous espérons donc en profiter à l’avance en évitant les inconvénients des grandes foules ! Donc prochain épisode, rendez-vous à SALVADOR DE BAHIA !!!!!

Suite à Salvador