Altamira le 18 décembre 2000

Bonjour à tous

Depuis samedi, nous avons retrouvé Altamira et la monotonie du week-end altamirense n’a été supportable que parce que la semaine précédente avait été très riche en découvertes !...

Nous sommes donc partis comme convenu, le samedi 9 (après un anniversaire tranquille qui m’a valu un vélo, pourri, mais vélo quand même !). Nous avons pris l’avion pour Santarém, qui, après Altamira semble le joyau de la civilisation ! Le départ a été douloureux pour D. qui n’arrivait pas à se résoudre à quitter Altamira. J’ai un peu craint pour l’ambiance du voyage, mais heureusement dès que l’avion a décollé, il n’a plus montré ce visage de souffrance !

L’arrivée sur Santarém en avion, est spectaculaire : des lacets et lacets de fleuves qui se croisent et s’entrecroisent : noir, le Tapajos, bleu, l’Amazônas ; de longs bancs de sables blancs qui sont autant de plages en saison sèche (on a survolé la station balnéaire d’Alter do Chaõ). Jusqu’au dernier moment on croit se poser sur l’eau, mais finalement nous avons rejoint la terre ferme.

Un taxi nos a déposés au port d’embarquement pour Manaus et là, nous avons été assaillis par des meutes de " piranhas " et d’ " urubus ", rabattant pour les compagnies de navigation. Je me serais cru des années en arrière à me battre pour atteindre les souks de Marrakech ! On a réussi à s’en tirer et on a trouvé un bateau qui partait à 15 heures. Cela nous a donné quelques heures pour visiter le centre de la ville, sous le cagnat ! Nous avons mangé un " pirarucu " grillé (un des plus grands poissons de l’Amazone), dans un restaurant un peu rafraîchissant, avant de rejoindre le bateau.

 

Le bateau était plein à ras bord. La veille était la fête de Santarém et cela explique ceci. Des hamacs partout, pour se déplacer dans le bateau, il fallait presque marcher à quatre pattes. Nous, les fortunés, nous avions une cabine ! Mais fallait voir ce qu’était la cabine, juste de quoi rentrer et se glisser dans les lits superposés, où nous avions à peine plus de place que dans un cercueil ! On s’habitue ! Mais avec cela nous avions l’air conditionné, ce que nous avons quand même apprécié à certains moments.

Les conditions dans le bateau étaient malgré tout assez rudimentaires. Il y avait une seule toilette femme pour 60 personnes, mais avec une douche froide ! Aussi je vous laisse imaginer la queue, surtout le matin, car la plupart y passait une heure à se laver. Enfin avec de la patience, tout le monde y avait accès et j’ai trouvé incroyable de voir que chaque jour chacun changeait de vêtements et avait l’air impeccable. La bouffe aussi était rudimentaire, même si en temps qu’occupants de " camarote " (cabine), nous avions le privilège de manger avec l’équipage, après les autres ! Heureusement que j’avais pensé à prendre quelques fruits et biscuits en extra. Malgré toutes ces considérations matérielles, j’ai trouvé ce voyage fantastique et suis prête à recommencer. J’en rêvais depuis plus de 20 ans !

Le voyage a duré 52 heures pour rejoindre Manaus. Les journées se sont écoulées au rythme du fleuve et du soleil. J’avais installé mon hamac devant la cabine et j’y ai passé beaucoup de temps à lire et à dormir et à admirer les couchers de soleil. Il y a eu quelques escales, Óbidos, Jurutí, Parintins, Itacoatiara, autant de noms exotiques. Au fur et à mesure le bateau se vidait un peu plus, de marchandises et de passagers. A la fin, on pouvait presque se déplacer normalement, en slalomant entre les hamacs. J’ai été impressionnée à chaque escale par la façon rudimentaire qu’ils avaient de décharger et transporter les marchandises. Sans doute qu’à la saison sèche, le niveau bas des eaux rend les choses plus difficiles. Quand les camions ou voitures ne pouvaient descendre jusqu’au bateau, des énormes charges étaient portées sur la tête et sur les épaules par des mecs ni spécialement costauds, ni spécialement musclés, mais qui semblaient bien entraînés et efficaces.

Pour les passagers non plus ce n’était pas toujours facile. Le comble a été à Manaus. Nous sommes arrivés à la nuit, vers 20 heures, après avoir vu le soleil se coucher sur la ville que l’on voyait approcher depuis déjà quelques heures.

On ne pouvait débarquer que par l’avant du bateau. Les passagers étaient tous pressés de sortir et on voyait des bagages valser sur le quai et leurs propriétaires suivaient après des acrobaties risquées. Nous, nous étions spectateurs, car nous avons eu le droit de rester dormir dans notre cabine et de partager un dernier repas avec l’équipage.

Au petit jour nous avons quitté le bateau et redécouvert Manaus.

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