Le jour suivant, on est parti tôt le matin pour une expédition en bateau pour aller visiter un " igarapés " (genre d’aber dans la jungle). Nous étions 7 : un couple de touristes brésiliens avec leur fils adolescent qui n’arrêtait pas de dire qu’il aurait préféré rester chez lui, un couple âgé arrivant d’Anvers pour fêter leurs noces d’or ! Rachel et Abraham ! Tout le monde a sympathisé, même si le tour n’était pas trop à la hauteur. On a quand même vu le partage des eaux, une ligne presque droite au milieu du fleuve, noir d’un côté, c’est le " Rio Negro " et jaune de l’autre côté, c’est la Solimões. Ils se rejoignent à Manaus pour donner l’Amazone. C’est très spectaculaire ! Puis on a continué pendant quelques heures, on guettait les " bodos ", dauphins de l’Amazone ", qui nous réservaient de temps en temps des sauts majestueux. Nous avons accosté sur une rive un peu glissante. Même l’équipage avait du mal à descendre. La vieille dame d’Anvers, je ne vous dis pas. Elle s’en est quand même bien sortie. On nous a dit, vous allez marcher pendant environ 20 minutes pour arriver au camp, parce que les eaux sont trop basses et le bateau ne va pas passer. Heureusement que j’avais pris mon repellente. Ce que les autres n’avaient pas fait ! Personne n’avait été prévenu des conditions, on était tous qui en tongs, qui en sandales, sauf les personnes d’Anvers qui étaient en chaussures de ville ! C’était l’Aventure, avec un grand A. On a traversé une partie de forêt qui semblait native. On s’est retrouvé sur un petit igarapès où nous attendaient deux canoës. D. et moi avons pris le premier où se trouvait la bouffe (on s’est dit, au moins ça de sauvé !) et on est rentré plus profond dans la forêt. Il y avait une multitude d’oiseaux, des grues, des poules d’eau, des bem-ti-vi et bien d’autres que l’on ne connaissait pas. Nos guides n’étaient pas d’un grand secours. On est enfin arrivé à une grande maison flottante " Green Planet Camp " où nous avons débarqué. Josué, notre guide (presque spirituel !) s’est présenté. Ça faisait un peu secte, plein d’hommes dans tous les coins, tous très gentils, un jeune couple peu sociable dans leurs hamacs. Josué croyait que l’on arrivait pour plusieurs jours. Il a commencé à nous dire que ce serait difficile de nous organiser une excursion pour si peu de temps. Le second canoë est arrivé. Nous avons partagé le repas, assez frugal. Abraham et Rachel ont eu du mal à trouver de la nourriture à leur convenance. Ils étaient juifs. Ils ont été contents finalement de trouver des ananas.

Après le déjeuner, pas une minute à perdre, on est reparti en excursion : ce qui s’est limité à reprendre un canoë sur quelques mètres, accoster dans un autre bout de forêt, où Josué nous a fait un baratin sur deux arbres au tronc énorme, qui servait de téléphone aux indiens. Il tapait dessus pour nous faire entendre l’écho et on voyait bien que c’était toujours au même endroit qu’il tapait. L’Aventure était très organisée ! On est retourné au canoë pour aller voir des vitoria regias : les nénuphars géants. Le canoë avait de plus en plus de mal à avancer, le ciel était menaçant. Nous étions tout près de l’endroit où nous avions rencontré les canoës pour la première fois. Josué nous a dit : " ça va être très difficile, il va pleuvoir, ça peut durer des heures. Voulez-vous retourner au bateau ou continuer ? " Dit ainsi, personne n’avait plus envie de continuer. J’ai fait le deuil des nénuphars qui restent pour moi une légende ! On est remonté à terre, ça a été la débandade, la pluie s’est mise à tomber drue. Plus de guide, plus personne, heureusement que l’on se rappelait bien le chemin du matin. On a réussi à arriver jusqu’au bateau. Tout était glissant, on dégoulinait de partout. On est grimpé dans le bateau et la pluie s’est arrêtée. Le retour au bateau n’a pas été aussi facile pour Rachel et Abraham. Elle a glissé dans la boue et il a fallu quasiment la porter. Enfin quand tout le monde s’est retrouvé dans le bateau, même trempé, chacun semblait rassuré et avec plus qu’une idée : rentrer à Manaus au plus vite. Il a fallu attendre d’autres personnes qui devaient arriver du camp. On a enfin vu arriver, tout frais, tout secs, le couple peu sociable et la guide du matin. Résultat de tout cela, on a eu un peu l’impression de s’être fait rouler dans la farine. J’avais fait la gueule le matin quand il nous avait demandé de payer le total. Les autres le faisant, nous l’avons aussi fait. Nous avons aussi compris pourquoi le gars qui a organisé tout cela ne faisait pas partie de l’expédition. Il s’en serait pris une si on l’avait revu !... Seuls Abraham et Rachel semblaient tout à fait satisfaits de leur aventure. Ils n’étaient à Manaus que pour une journée et c’est vrai qu’ils en avaient bien tiré partie. N’empêche qu’elle aurait pu mal se terminer pour eux, mais cela ne semble pas les avoir effleurés. Tout ce récit pour ne pas oublier qu’il faut se méfier. Lors de notre visite précédente à Manaus, il y a 22 ans, nous étions partis pour 3 jours avec un gars contacté sur le port, qui avait juste un petit bateau. Nous avions dormi dans des villages " caboclos " et nous en avions vu bien plus. Se rappeler pour la prochaine fois : éviter les pseudo tours organisés !...

Nous nous sommes rattrapés le lendemain en allant faire un tour à Ponta Negra, la page chic de Manaus. Il faisait un soleil superbe, alors que tous les autres jours étaient plutôt couverts. C’était très agréable, mais un peu chaud. On a visité l’hôtel tropical, son zoo, mais je n’ai pas aimé tous ces animaux en cage. Par contre je serais bien restée passer la journée à sa piscine, mais ça ne semblait pas tenter D.. On s’est promené le long de la plage, mais " que calor !... ". On a mangé, moi j’ai mangé, un " tucunaré " entier (autre poisson de l’Amazone "), D. a mangé les incontournables" feijões-arroz " (haricots et riz) accompagnant !

Et voilà, notre voyage s’est terminé. Nous sommes rentrés en avion omnibus (4 arrêts avant d’arriver à Altamira). Je retournerais bien faire un tour à Manaus avant de repartir, mais cette fois-ci aller-retour en avion.

Après tout cela, je me résous à passer une semaine à Altamira, attendant patiemment le retour de D. du boulot.. J’ai comme horizon notre départ à Belém, samedi 23, pour repasser une semaine à Marajó. Nous étions tous deux d’accord pour aller à Salvador da Bahia, mais impossible de trouver une place, ni en avion, ni en bus. Les vacances ont commencé ici et tous le prix ont doublé et tout le monde veut voyager ! J’aurais accepter de repousser la semaine avant mon départ en France, mais D. m’a seulement fait le sacrifice de la semaine entre Noël et le jour de l’an, parce que cette semaine là, les affaires ne seront pas capitales !...

Voilà le second épisode de mes vacances. J’ai le moral, je ne veux absolument pas penser à mon retour.

Dernier détail, j’étais contente de quitter la France en ces périodes agités de folie de fêtes, ici, c’est pire et les " papai noël ", sont à chaque coin de rue, habillés de fourrure sous la chaleur de l’équateur. Il ne manquera plus que de voir la neige (artificielle bien sûr) tomber le 25 !...

Sur ce, joyeux noël à tous !

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